Qu’on le veuille ou non, le design n’a rien à voir ni avec un style ni, culturellement, avec une époque : il n’a de sens qu’en terme de démarche de création vis à vis de systèmes de production.
A l’heure des biennales, des capitales de la création, des promotions et des déclarations d’intention en tout genre, reste une réalité : l’état du « marché » de la création qui reste anormalement faible par manque de conviction et d’engagement de nombre d’entreprises sans parler des politiques auquel il manque, en plus, l’imagination…
Qu’est ce que le design, énième tentative.
Le design est bicéphale :
- D’un côté le design « signature » : il faut un nom pour les entreprises.
- De l’autre le design industriel en agence ou intégré.
DESIGN EXPLICATION 1
Le design signature.
A tout seigneur tout honneur, c’est le plus recherché aujourd’hui : parce que les médias veulent de l’inédit, les entreprises de la « réassurance » et de la médiatisation, et les designers, comme créateurs, ont envie de notoriété.
C’est principalement du design de communication, le nom de l’entreprise passant souvent – malgré elle -en second plan derrière celui du designer.
Dans ce cas de figure, le designer vend son image comme celle d’une marque.
Il reproduit à l’infini son propre vocabulaire (c’est ce qu’on attend de lui ) en tenant éventuellement compte (voir définition Wikipedia), ou pas du tout de la spécificité du commanditaire.
L’entreprise en attend essentiellement des retombées médiatiques. Les retombées économiques sont rarement directement quantifiables.
Nous sommes dans le style. On ne souhaite pas forcément d’idée mais une image.
Les designers impliqués dans ces démarches se situent entre art, décoration et design.
Marion Vignal : L’EXPRESS Styles – 20 nov. 2008 « Jaime Hayon : le triomphe de la fantaisie. Le créateur espagnol est devenu, en quelques années, la nouvelle coqueluche du design. Il incarne une génération qui revendique le retour au style comme une signature unique et singulière. »
Roger Tallon il y a quelques années se désespérait du déclin du design produit : « Au secours, le style revient ! »
Par contre, certaines entreprises ont fait de l’utilisation de noms une véritable stratégie. Loin d’une action ponctuelle, les collections sont fondées sur un appel permanent aux créateurs. C’est le parti-pris d’entreprises comme VITRA, KARTELL, MAGIS, ALESSI, CAPPELLINI… Il s’agit d’ une démarche qui prend une valeur sur le long termes.
D’autres en jouent de façon opportuniste et font signer des objets d’une banalité désarmante pour être simplement dans la tendance : voir certaines pages du catalogue IKEA, ROYAL VKB etc…
Plus valeur d’image que d’usage, souvent haut de gamme pour certains, cette politique est difficilement transposable dans d’autres secteurs d’activités autre que le mobilier ou la décoration, milieux dans lequel le créateur est supposé connu y compris d’une partie du grand public.
Il s’agit sans conteste de démarches beaucoup moins implicantes pour une entreprise que d’imaginer une véritable stratégie créative et de « construire » les projets qui vont avec.
Définition 1.
Empruntée à WIKIPEDIA [1] pour le mot design (2008).
« Le design est une discipline visant à représenter concrètement, une pensée, un concept ou une intention en tenant compte éventuellement d’une ou des contraintes fonctionnelles, structurelles, esthétiques, didactiques, symboliques, techniques et productives. Ces représentations peuvent être tangibles ou virtuelles. »
DESIGN EXPLICATION 2
Le design industriel
Nombre de « théoriciens » du design considèrent le terme design industriel comme réducteur. Ils préfèrent la notion de design art, plus sensible, loin de la production de masse qui déshumanise l’objet.
D’après eux, la rationalité, le pragmatisme économique, la créativité dédiée, appliquée, seraient incapables de prendre en compte la sensibilité, l’émotion, le plaisir, tel qu’il est soit disant induit dans le design de signatures.
Ce discours a conduit aujourd’hui à une confusion certaine et à la confiscation du sens du design industriel.
Communiqué de presse
Biennale de design de Saint-Etienne 2008
- Comment le design peut-il contribuer à faire évoluer nos modes de vie?
- Comment le design s’associe-t-il à la recherche et l’innovation?
- Comment le design devient-il aujourd’hui un outil de développement économique?
Ces questions sont rémanentes depuis un demi siècle et, posées aujourd’hui montrent le peu d‘ intelligibilité du design.
- Comment le design peut-il contribuer à faire évoluer nos modes de vie?
Le design seul ne fait rien évoluer sinon en association étroite avec des entreprises. Ce sont, à priori, les seules organisations capables d’assumer l’ensemble de la démarche qui permet à un concept produit d’arriver jusqu’à un utilisateur.
Le design est la seule activité de création de produits dédiée aux entreprises.
Si, dans un cadre donné, le designer propose, c’est toujours l’entreprise qui dispose.
C’est elle qui fixe le niveau de ses ambitions et de ses compétences. Elle qui est responsable de son discours et de son identité face au public.
Si une grande partie de la consommation se fait par défaut, c’est qu’il y a une véritable faiblesse de l’offre sur l’ensemble des marchés. C’est le signe d’un manque évident d’engagement des entreprises vers l’innovation et vers des stratégies identitaires dynamiques. - Comment le design s’associe-t-il à la recherche et l’innovation?
Par essence le design, quand il n’est pas cantonné dans l’esprit des gens au style ou à l’esthétique est obligatoirement impliqué dans la recherche et l’innovation.
Le design de produits destinés à être industrialisés, produits en série par toutes sortes de procédés ou de moyens techniques, implique une connaissance des moyens de productions et des matériaux. L’intervention du designer conduit souvent à une optimisation des procédés de fabrication, et grâce à une culture « industrielle » large, à des transferts de technologies.
Cela implique un travail en équipe mettant en œuvre diverses compétences dans l’entreprise. - Comment le design devient-il aujourd’hui un outil de développement économique?
Quand au développement économique, cela fait cinquante ans qu’on en parle.
Mais comme le design est un investissement, en partie immatériel, les industriels dont ça n’est pas la culture, sont lents à convaincre.
Certains commencent à être sensibles à l’esthétique. Mais aujourd’hui, le problème est plus complexe. Beau ou laid, là n’est plus la question. Tous les goûts sont dans la nature ?
Notre avis est que l’adhésion au design implique un véritable dessein d’entreprise.
Le design est un outil de réflexion stratégique. C’est là que réside le véritable enjeu économique. Il faut apporter à l’entreprise – et donc à l’utilisateur final – des hypothèses nouvelles, en adéquation avec une « personnalité » d’entreprise. Celle ci se construit en permanence.
Doter l’entreprise d’une capacité créative, qui permet d’imaginer des hypothèses de développement capables de fonder les décisions les plus pertinentes, là est l’enjeu.
Entreprise et designer.
L’entreprise, son capital humain, sa personnalité, ses produits, son attitude, son ambition, ses moyens, la vision qu’elle a de son marché et des gens qui la « consomme ».
Le designer (individu, agence) sa créativité, sa culture multi secteurs, son pouvoir d’écoute et de synthèse, son aptitude à travailler en équipe, sa compréhension des systèmes de production, de distribution et de communication et sa capacité à accompagner le projet jusqu’à sa réalisation globale.
La richesse (diversité) du design tient dans l’interactivité de ces entités.
Alchimie différente pour chaque projet et qui donne une infinité de résultats.
La confrontation entreprise/designer, comme des formules mathématiques, ouvre des milliers de champs d’expression.
Fonder sa communication sur le design, l’innovation et l’engagement de l’entreprise vis à vis de l’utilisateur, est particulièrement riche et fondateur.
Voir APPLE, NIKE, MANDARINA DUCK, EASTPAK, DYSON…
Définition 2.
DESIGN (Pool) pour le mot design (2008).
« Le design est une discipline visant à créer des concepts produits, en tenant compte obligatoirement de l’ensemble des contraintes afférentes à la démarche stratégique, productive et identitaire d’une entreprise quelle qu’elle soit.
Il l’accompagne depuis l’amont, les propositions créatives, jusqu’à l’aval, la mise au point et la production, parfois la communication »